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EN TUNISIE de Jellel Gasteli

Préface Abdelwahad Meddeb

Postface Albert Memmi

Pour raconter l’histoire des photographies reproduites dans cette nouvelle édition de En Tunisie, dont la première version fut publiée en 1997 aux éditions Eric Koehler à Paris, il me faut remonter à mon adolescence, période à laquelle je commence à photographier. En 1977, mon environnement quotidien se limite au lycée, au centre ville de Tunis et à Nabeul où chaque week-end, j’accompagne mes parents dans notre maison familiale.

C’est vers l’âge de vingt ans que j’ai la curiosité d’entreprendre un voyage à l’intérieur du pays. Un ami me propose de me prêter un appareil photo pour rapporter des souvenirs que nous partagerons à mon retour et m’explique rapidement les rudiments d’utilisation de l’appareil. Si la responsabilité d’emmener avec moi cet objet qui ne m’appartient pas me gêne, j’accepte néanmoins la « mission » de documenter ce voyage.

Je pars à l’aventure, au hasard des routes et des lieux que je découvre, au fil des jours. Je commence à prendre l’habitude de photographier trois ou quatre fois par jour, lorsque j’y pense.

Les rencontres m’apprennent à apprécier le sens de la dignité, de l’humilité, du respect, de la bienveillance, de la retenue, de la courtoisie et de la pudeur des habitants de l’intérieur du pays. Ils sont tous surpris et amusés de la présence parmi eux du frêle adolescent, timide blond aux yeux bleus que je suis.

Peu de questions sur ma provenance, une économie de paroles compensée par une hospitalité généreuse qui demeure jusqu’à aujourd’hui la forme la plus éloquente de leur humanisme, me font prendre goût à ce voyage qualifié d’audacieux, voire risqué, par mes proches.

Après quinze jours de voyage, retour à Tunis où, impatient de faire développer les deux films de vingt-quatre poses, je les dépose aussitôt chez un photographe de la galerie du Palmarium qui m’informe qu’ils seront prêts le lendemain. J’y retourne donc le jour d’après. Avec une mine embarrassée, le photographe me tend une petite pochette en papier blanc avec les films. J’y découvre, stupéfait, quelques bandes de films transparentes sans la moindre trace d’image. Le réglage en mode automatique fait par mon ami avant mon départ s’était décalé et de fait, techniquement rien ne s’était imprimé sur le film.

Nous sommes en 1979, c’est à partir de ce voyage initiatique et l’échec cuisant de photographies ratées que les séquences de ma vie de photographe s’enchaînent au fil du temps.

En ce qui me concerne, le parti-pris de ce livre s’est imposé de lui-même : retrouver les émotions de mon premier voyage en Tunisie effectué vingt ans auparavant, cette fois en matérialisant ces images mentales restées vives à mon esprit et mises en échec par un appareil photo. J’ai attaché une importance primordiale à cette campagne de photographies, et je me suis appliqué à donner intentionnellement le moins d’indications temporelles au choix des prises de vues. Ces images représentent la Tunisie que je porte toujours en moi, celles de l’adolescent qui ne m’a jamais quitté, qui me permet d’exister et de continuer à photographier. 

Je rends pareillement hommage à mon ami Abdelwahab Meddeb qui a répondu immédiatement à ma première sollicitation pour écrire la préface. Et enfin, je rends hommage de la même manière à Albert Memmi qui a accepté avec enthousiasme d’écrire la postface.

Jellel Gasteli

Après avoir vécu et travaillé entre Tunis (où il est né) et Paris, Jellel Gasteli vit actuellement en Tunisie. Son oeuvre est intimement liée à sa double appartenance culturelle franco-tunisienne.  En quête d’émotions visuelles il revient de ses voyages avec des photographies intimistes sur les hommes, les paysages et les territoires traversés.

Son travail le plus connu est La Série Blanche. Minimalistes, épurées, sobres et retenues, cette série de tirages argentiques de grand format est construite à partir de la géométrie des ombres et de la lumière sur des architectures blanchies à la chaux qui à fait l’objet d’une exposition monographique à l’Institut du monde arabe en 2002.

Parmi ses participations à des expositions, on peut citer, la série Eclipse présentée dans le cadre de l’exposition Africa Remix en 2005, la présentation de l’installation vidéo «2134 TU 74» aux Rencontres de Bamako en 2007, sa participation à la seconde biennale des rencontres Picha à Lubumbashi en 2010, où il présente une vision transversale de l’Afrique intitulée Objects in the mirror are closer than they appear. Sa série Rock the kasbah, qui rompt intentionnellement avec l’inflation d’images d’actualités sur la révolution tunisienne, a été présentée à l’Institut du Monde Arabe en 2012 dans le cadre de l’exposition Dégagements… la Tunisie un an après.

En 2014, il participe à l’exposition The Divine Comedy: Heaven, Hell, Purgatory revisited by Contemporary African Artists,au Museum Für Moderne Kunst à Francfort et au Smithsonian à Washington avec une nouvelle sélection de la série intitulée Objects in the mirror are closer than they appear. Il participe à la Biennale de Dakar en 2016, avec la série Il n’est pas interdit de sortir du cadre. En 2017, il participe à l’exposition Afrique Capitales à la Gare Saint Sauveur de Lille avec la série The Straight Six, il présente également à l’Institut Français de Tunis une exposition monographique à partir de son travail inspiré par des carnets inédits de Abdelwahab Meddeb et participe également à la deuxième édition de la biennale des photographes du monde arabe contemporain.

Ses oeuvres font partie de collections telles que le Fonds National d’Art Contemporain, Paris, l’Institut du Monde Arabe, Paris, la Maison Européenne de la Photographie, Paris, le Solomon R. Guggenheim, New-York ; le Museum Kunst Palast, Düsseldorf ; la Fondation Sindika Dokolo, Luanda.

Ses principales publications sont : Barkhanes, Lalla Hadria Edtions (2017), Il Fiore Sbocciato, éditions AF Bari, (2001) Série Blanche, co-édition éditions Eric Koehler, Alesco et Agnès. b, (1997) En Tunisie, éditions Eric Kœhler (1997), Blanches Traverses du Passé, éditions Fata Morgana, (1991) Tanger Vues Choisies, éditions Eric Kœhler.

Parution Tunisie juillet 2021

  • format 22 x 28 cm
  • 148 pages sur papier couché mat 200gr, couverture cartonnée
  • impression bichromie
  • bilingue français-anglais,
  • 56 photographies
  • Collection ART PHOTO – hors série

Éditions Lalla Hadria Editions – Tunisie
prix public : 75 DT / 32 €

LA TUNISIE SOUS MARINE de Selim Baccar et François Brun

Histoire, sites et traditions

Textes et photographies
Selim Baccar et François Brun

La Tunisie, bordée d’un long littoral, offre des fonds marins inestimables. Ce pays, lieu de nombreuses civilisations et terre d’accueil maritime a toujours eu un lien étroit avec la mer. Cet ouvrage s’ouvre sur trois dimensions en cheminant tout au long du territoire pour traverser la surface de l’eau et y découvrir les plus beaux sites naturels ainsi que les épaves. Nous plongeons aussi dans les pêches traditionnelles des célèbres éponges de Djerba et Kerkennah, ainsi que du fameux corail de la côte nord. Un détour dans les pêcheries du golfe de Gabès nous rappelle que ces constructions sont uniques en Méditerranée. Un regard sur le passé évoque l’arrivée des phéniciens avec la pourpre des murex ou les scaphandriers grecs pêcheurs d’éponges. Ce magnifique littoral présente aussi une grande quantité d’épaves qui symbolisent les conflits qui se sont déroulés au large des côtes. La Tunisie tient une position stratégique entre le bassin occidental et oriental de la Méditerranée et les guerres mondiales ont laissé de nombreux vestiges sur les fonds  marins. Ces épaves participent pleinement à l’histoire de la Tunisie et nous pouvons à travers l’exploration de ces navires coulés, retracer chaque moment de ces périodes troubles ! Ce voyage se termine avec l’exploration d’une des plus belles grottes en partie immergée, d’Afrique du Nord. Nature, histoire, épaves et traditions s’imbriquent dans cet ouvrage soigneusement documenté. De superbes photos offrent une exploration inédite de la Tunisie, afin d’y découvrir tous ses trésors sous-marins.

WIRD de Bruno Hadjih

texte de Pierre Guicheney

Wird est le troisième livre de la nouvelle collection art/photo en version hors format . Ce livre photo condense une série de photographies de Bruno Hadjih sur son travail sur le soufisme dans le monde accompagné d’un texte de Pierre Guicheney.

Dans le soufisme le Wird est la pratique par laquelle est différenciée une voie mystique d’une autre. Le Wird permet de transmettre le secret qui attachera le maître à son élève. Le wird est un ensemble d’incantations, de prières, et de respirations qui mène au « hal », à l’absolu. Le Hal est l’extinction de soi dans l’autre.

L’expérience soufie dépasse les clivages que la société met en place, les problématiques identitaires s’annulent. Là où la pratique du soufisme est permise, la société est rarement à l’écoute des intégrismes. Cette recherche est aussi ce qui nous constitue. Elle est la part qui nous relie aussi bien à l’univers qu’à notre partie nucléique.

Ce qui sépare les hommes s’annule lorsqu’ils se retrouvent à expérimenter un état de grâce et de souffle, que ce soit à Montreuil, dans le sud algérien ou n’importe où ailleurs dans le monde. Il n’est plus question d’individu mais de présence.

Le paysage, la nature sont parties intégrantes de cette beauté. Ce sont des  lieux de fixation et de révélation. Si par le passé, j’allais loin pour photographier ces soufis, ma rencontre avec des confréries du Sahel à Montreuil ou en Île de France, a transformé mon approche du sujet. C’est dans ces lieux ordinaires, intimes et clos, presque souterrains que j’ai trouvé mon écriture photographique. C’est à Montreuil que le schéma de la représentation commençait à se dessiner.  Dans ces lieux impersonnels et insignifiants, j’ai compris qu’il n’est pas nécessaire d’aller loin pour rencontrer ce qui est proche. Pendant 20 ans, j’ai continué à les fréquenter et à fixer leur présence.

Bruno Hadjih 

BRUNO HADJIH est né en Kabylie en Algérie. Il vit et travaille entre Paris, le Gers et le Sahara. Après des études de sociologie, il s’oriente vers la photographie documentaire, plasticienne. Ses travaux portent particulièrement sur la redéfinition des espaces décrits comme intangible, espace mental, espace géographique. 

Réflexion ou regard neuf porté sur le monde méditerranéen, son histoire, sa culture et ses relations avec le reste du monde, le travail de Bruno Hadjih n’est pas une interrogation mais une prise de position, un engagement.

Son travail a été exposé dans divers musées et festivals :  BNF, CCCB Barcelone, Musée-Herzilia, Museum of the African Diaspora (MOAD) San Francisco, Visa pour l’image, Biennale Africaine de la photographie à Bamako, Biennale de photographie du monde arabe.  

Depuis plus de 21 ans, Bruno Hadjih mène une réflexion sur le soufisme : WIRD.

Il est aussi auteur et réalisateur de documentaires : AT(H)OME en 2013, Wird en 2020 et  Ziara en 2020

Parution Tunisie et France septembre 2021

  • format 22 x 28 cm
  • 168 pages sur papier couché mat 200gr, couverture cartonnée
  • impression quadrichromie
  • bilingue français-anglais,
  • 90 photographies
  • Collection ART PHOTO

Éditions Lalla Hadria Editions – Tunisie
prix public : 75 DT / 32 €