Catalogue de l’exposition Hirafen – Tunis Novembre 2023 à Mars 2024
L’expo Talan est aujourd’hui à sa cinquième édition. Depuis sa création en 2014, elle n’a cessé de se renouveler et de se réinventer. Abritée à ses débuts dans les locaux même de l’entreprise, l’exposition s’est agrandie pour occuper les cimaises du Palais Kheireddine dans la Medina de Tunis et pour « enfanter » comme c’est le cas pour Hirafen d’autres espaces d’exposition. Dans ce mouvement, on peut le constater déjà à partir des premières éditions, l’expo Talan s’est progressivement internationalisée, en intégrant à partir de ses premières éditions des œuvres de Abdoulaye Konaté, Barthélémy Togo… Cette dimension internationale est pour moi non seulement un gage d’ouverture sur l’art contemporain dans sa globalité mais une opportunité qu’on se doit d’offrir aux artistes tunisiens. Cela leur ouvre des perspectives à l’international et contribuera à faire connaître davantage l’art contemporain tunisien.
L’exposition Hirafen prend ses sources à la croisée de plusieurs récits et conjonctures. Elle s’inscrit en premier lieu dans une histoire familiale, celle de ma filiation avec l’artiste Abdelaziz Gorgi. Pour moi, depuis l’enfance, art et artisanat vont forcément de pair. Les ateliers de céramique, de mosaïque, de tissage et de peinture de mon père augmentaient naturellement la surface habitable de notre maison. Petite, je passais d’un atelier à un autre sans jamais me poser la question des frontières séparant les procédés propres à chaque univers.
Hirafen émane aussi d’une promesse non tenue. Je garde vive en mémoire la demande insistante de mon père qui voulait, quelques mois, avant sa disparition, revenir à Nabeul pour rencontrer les artisans avec lesquels il a travaillé. Il est décédé malheureusement quelques mois après, avant que je puisse exaucer son vœu.
Indirectement, Hirafen est pour moi, une manière d’assouvir la demande non satisfaite de mon père. Par ailleurs, la quatrième édition de l’expo Talan « Gorgi pluriel », qui a nécessité un grand travail de documentation m’a permis notamment de bien saisir et circonscrire la relation entre art et artisanat telle qu’elle s’est déclinée à travers la société de décoration Zin, fondée par mon père et Safia Farhat. Je peux affirmer dans ce sens, que l’idée de cette exposition est née puis a évolué durant et après « Gorgi pluriel ». Avant d’être proposée à Behjet Boussofora, directeur de Talan Tunisie, l’idée a été réfléchie et discutée avec Nadia Jelassi.
Il s’agissait pour nous d’œuvrer et de mettre en place des dispositifs permettant de révéler par le biais des pratiques artistiques le potentiel de l’artisanat textile tunisien, de dévoiler ses dimensions esthétiques, socio-économiques et écologiques et d’établir des liens inattendus entre artisans et artistes. Partant de ces objectifs et afin d’intéresser à la fois un grand nombre d’acteurs du monde de l’art et un large public, l’exposition ne pouvait être à mes yeux qu’internationale. L’idée d’un co-commissariat s’est imposée comme une évidence. J’ai alors sollicité Ludovic Delalande qui a bien voulu faire partie de cette aventure et d’apporter sa propre expérience.
La réception de l’exposition par le public tunisien et non tunisien, par la critique locale et internationale conforte nos choix et nos approches. En dépit de toutes les difficultés somme toute normales rencontrées lors de la préparation de l’exposition, Hirafen inaugure un avenir meilleur pour l’art contemporain tunisien et pourquoi pas d’autres projets encore plus ancrés dans son environnement socioculturel.
Aïcha Gorgi
Parution mars 2024
- format 22 x 28 cm
- 264 pages sur papier bristol 170gr, couverture cartonnée
- impression quadrichromie
- bilingue français-anglais,
- 200 photographies
- Collection ART PHOTO
- ISBN 9789938971613
- Commande Pour Talan
Éditions Lalla Hadria Editions – Tunisie